Sciences de la cognition et du développement

Pourquoi cette tranche d’âge ?

• Pour permettre aux enfants de développer les pré-requis nécessaires aux apprentissages scolaires (attention, concentration, mémoire, écoute) afin de prévenir l’apparition des difficultés scolaires [1]
• Parce que sur le plan du vivre ensemble, c’est le début de l’apprentissage de la vie au sein d’un collectif, des règles du vivre ensemble, de la confrontation avec l’altérité, etc.
• Et d’un point de vue cognitif, c’est le moment du développement des processus cognitifs de jugement et de discernement, et de la construction de la manière de comprendre le monde. Il s’agit donc du bon moment pour aider les enfants à intégrer des éléments de compréhension, comme :
  • le fait qu’ils utilisent leur référentiel et leurs expériences passées pour interpréter les expériences qu’ils vivent dans le présent ;
  • le fait qu’ils ne naissent pas avec un langage et des concepts mais que ces choses-là leur sont données par les autres ;
  • leur interdépendance avec les autres et avec l’environnement.

Si l’accès à cette compréhension est possible à tout âge, le développement des facultés psycho-sociales adviendra bien plus facilement entre 5 et 7 ans, pour des raisons de plasticité cérébrale, et parce que c’est à cet âge là que se mettent en place chez l’enfant les processus cognitifs d’inférence, de discernement et de jugement, desquels va découler la manière dont il forme ses idées. Avant 5 ans, il est trop tôt, le langage n’est pas assez développé. Après 7 ans, les processus se sont déjà construits autrement et automatisés. Il n’est donc pas impossible de développer ces facultés, mais ce développement est freiné par deux contraintes : 1/ il faudrait déconstruire les processus mis en place et en reconstruire de nouveaux, et 2/ la plasticité cérébrale diminuerait tout au long de la vie (excepté à l’adolescence où aurait lieu un regain de la synaptogénèse).
Il y a une tranche d’âge pour développer le discernement, comme y a une tranche d’âge pour apprendre à marcher. Et si l’on apprend, à cet âge là, avec un défaut (par exemple le pied un peu vers l’extérieur), cela va probablement rester la manière naturelle de marcher tout au long de la vie. Ce phénomène s’observe aussi pour l’apprentissage des langues.

Ainsi, tous les enfants, quelque soit leur origine sociale, sont concernés.

Les enfants issus de milieux défavorisés, bien sûr, car les risques de difficultés scolaires et de difficultés d’adaptation à la vie en collectivité sont plus élevés chez eux, et parce que l’échec scolaire risque de se transformer en exclusion sociale.

Mais naître dans un milieu social plus favorisé n’implique pas que la relation parent-enfant soit nécessairement meilleure, et certains enfants peuvent tout autant manquer de stimulations du langage, d’un bon apprentissage de la relation, etc. De plus, les enfants issus de milieux favorisés peuvent également manifester des difficultés à appréhender la différence, voire être portés à terme à l’individualisme, au dogmatisme (vouloir imposer leur vision des choses aux autres, etc.).

Il s’agit de s’adresser à tous les enfants, au delà de leurs origines sociales, en vue de développer la cohésion et le mieux vivre ensemble, de les préparer à faire face à d’autres personnes, d’autres opinions, radicalement différentes, et leur donner les outils pour qu’ils puissent réagir de manière sereine et constructive.

L’égalité des chances, c’est ne pas supposer acquises des compétences nécessaires aux apprentissages scolaires et à l’épanouissement individuel et social si ces compétences sont inégalement développées en fonction des stimulations procurées par l’environnement familial et préscolaire. L’égalité des chances, c’est donc palier les différences de milieux familiaux, en permettant à tous de développer et d’affiner un ensemble de facultés psycho-sociales, de savoir-être et de savoir-faire.

[1] Il est admis par un grand nombre d’acteurs que les actions mises en place à l’heure actuelle pour lutter contre l’échec scolaire interviennent trop tard.